La sécurité privée est complexedynamique et en proie à des difficultés d’ordre structurel et conjoncturel.

Ce marché complexe rassemble un ensemble d’activités variées, de la surveillance à la protection rapprochée, en passant par la sûreté aéroportuaire et aérienne le transport de fonds et de valeurs, et la sécurité électronique.

Il reste néanmoins dynamique puisqu’il connaît des taux de croissance de 3 à 5% par an ces dernières années, essentiellement portés par les activités de surveillance humaine et de sécurité électronique.

En revanche, nous devons faire face des difficultés conjoncturelles qui résultent de l’impact de la crise sanitaire, qui ont plus fortement touché certains de ses segments (événementiel, aérien) que d’autres. 70% des entreprises déclarent avoir connu une baisse de chiffre d’affaires en 2020, et 50% déclarent que cette perte a dépassé 15%. Toutefois, la distribution de cet impact apparait plus éclaté puisqu’à l’issue du premier confinement 42% des professionnels interrogés avaient vu leur activité baisser (en particulier, la sécurité événementielle, les commerces non alimentaires et l’aérien), 45% étaient parvenus à maintenir leur chiffre d’affaire et 13% avaient même connu une hausse d’activité (demande supplémentaire dans la distribution alimentaire, les établissements de santé, les EHPAD et certains sites tertiaires, industriels et logistiques).

Des réformes nécessaires :

L’Etat et les professionnels de la sécurité privée ont mesuré avec gravité l’enjeu des menaces traditionnelles ou nouvelles qui pèsent sur la France en particulier. Dans un monde de plus en plus dangereux et aléatoire, la vertu de l’Etat reste la sécurité. Michèle Alliot-Marie, la Ministre de l’Intérieur insiste sur cette priorité et « compte même aller plus loin », dit-elle,  avant d’ajouter : « L’élargissement  de  l’usage  des nouvelles  technologies,  le  renforcement  de  la  formation  initiale  et  continue, l’amélioration  du  lien  de  confiance  avec  les  Français »,  tout  ceci  contribue  à vivre dans une France plus sûre et plus confiante.

En France, la sécurité contractuelle concerne traditionnellement vingt-trois secteurs :

  • le gardiennage,
  • la surveillance,
  • l’investigation (détectives),
  • les systèmes d’alarme,
  • le contrôle d’accès et technique,
  • les équipements blindés,
  • la lutte contre la démarque inconnue,
  • la vidéosurveillance,
  • la télésurveillance,
  • le transport de fonds,
  • la serrurerie,
  • l’antiterrorisme,
  • la protection  rapprochée,
  • la protection  de l’homme  au  travail,
  • la sécurité aéroportuaire,
  • la formation,
  • les études de  marché,
  • l’ingénierie de sécurité  et  conseil,
  • la sécurité incendie,
  • la sécurité informatique,
  • la sécurité environnementale,
  • le traitement des  valeurs  et  le  matériel  de  sécurité industrielle.

Mais nous aurons l’occasion de voir qu’il s’agit là d’une vision restrictive du marché de la sécurité. Le  « marché  de  la  sécurité  privée »  est  une  réalitéprotéiforme de la gestion dans un domaine à la fois réglementé, assuranciel, financier, qui  concerne  les  marchés  financiers,  les  taux  de  change,  le  renseignement, l’intelligence  économique, l’exposition  des  risques  et  des  menaces,  dans  la  vie professionnelle, l’environnement, la santé…Et la nécessité d’énumérer montre à quel point l’objet est en lui-même hybride, une hybridation qui répond aux impératifs de nos sociétés actuelles

La France, à la façon des autres pays qui ont accédé à la nouvelle économie et qui sont entrés dans la mondialisation connaît depuis plusieurs années une explosion du marché de la sécurité privée. Le législateur s’est occupé de ce secteur économique dès la loi 83-629 du 12 juillet 1983 relative à l’encadrement, au contrôle et à la réglementation des entreprises et a sans cesse depuis posé de nouvelles normes visant à codifier son activité. Il faut souligner ici que de nombreux textes, à commencer par les dispositions du Code pénal ou celles relatives à la protection des données individuelles, sont aussi indissociables du bon exercice des activités de la sécurité privée.  Malgré un encadrement de plus en plus affiné et complexe, le dispositif juridique reste encore largement lacunaire et perfectible

D’où vient le développement du marché de la sécurité privée ? Nous pouvons souligner la convergence de deux phénomènes corrélatifs, qui nourrissent la dynamique de privatisation de la sécurité.  D’abord un processus lié à la globalisation, au développement de la nouvelle économie et aux nouvelles exigences nées de la prise en compte de menaces (terroristes, économiques, criminelles, technologiques, sécuritaires…) et de risques (alimentaires, sanitaires, environnementaux…).  Ensuite à un phénomène politique et culturel qui appelle un retrait de l’État face au surgissement d’une sécurité conçue comme globale et aux exigences de libération des énergies. Retrait et non retraite.

Le secteur de la sécurité privée va connaître une forte croissance. Mais il ne crée pas de valeur ajoutée dans tous les domaines. Les nouvelles technologies vont ouvrir de belles perspectives pour les entreprises performantes.  Mais, la surveillance humaine – qui pèse lourdement – dans cette économie va traverser un vrai tsunami. Seule la compétence peut permettre un développement et des perspectives de rentabilité pour les entreprises.  La croissance économique passe par la croissance sociale et la reconnaissance d’un vrai statut professionnel pour les agents. La tension observée dans ces métiers au niveau du recrutement et une très forte population multiculturelle et multiculturelle vont  imposer  aux  entreprises  de  ce  secteur  de nouvelles responsabilités et une approche nouvelle de la gestion de leurs ressources. Les politiques d’accueil, d’insertion et de formation professionnelle doivent être harmonisées et intégrer ces nouveaux paramètres. Une Ecole de la Sécurité privée doit être mise en place par les professionnels pour préparer et professionnaliser les agents de demain. Un engagement d’autant plus important que ces agents privés seront, sous quelques années, plus nombreux que les policiers, gendarmes et policiers municipaux réunis.